Bonjour Philippe, ce soir
c’est «
l’avant-première » d’Objets
Trouvés, la
présentation au public de la maison des jeux de Nantes de ta
dernière création éditée
par Asmodée
et disponible depuis quelques jours dans les magasins.
Quelle est la genèse de ce projet ?
Ce jeu est né
d’une idée pour un autre jeu,
où chaque joueur devrait amener ses propres objets et
où
tous utiliseraient l’ensemble de ces objets ; ce jeu qui
verra
peut-être le jour pourrait, du coup, s’appeler
«
Objets perdus ».
Mais ce projet était latent depuis un long moment : il y a
10
ans j’avais déjà un grand sac
où je mettais
une quantité d’objets trouvés,
chinés dans
des brocantes, dans le but d’y jouer.
Et si je remonte 25 ans en arrière, j’avais
commencé un mémoire de scénographie
aux Arts
Déco où je présentais le concept
d’un jeu
sans règle, mettant un jeu un grand nombre
d’objets divers
et variés.
Nombre de mes jeux sont nés d’objets, voire de
jouets...
Ainsi « Armada » n’était au
début
qu’un bateau en allumettes sur mon bureau.
L’idée d’Objets Trouvés est
venue au
lancement du site « Objectif Lude », alors que je
souhaitais y mettre en valeur des objets de créateurs dont
je me
sens proche.
Je ne comptais pas faire éditer ce jeu, cela me paraissait
improbable… puis, le même jour j’en ai
présenté un exemplaire à deux
éditeurs :
Marc Nunes (d’Asmodée) et Pierre Gaubil (de Days
Of
Wonder). A ma grande surprise, tous deux m’ont alors dit
qu’ils voulaient l’éditer. La
préférence est allée à
Asmodée tout
simplement car c’est chez Marc Nunes que je leur montrais le
prototype !
L’actualité d’Objets Trouvés
c’est sa
sortie en France, et son futur c’est sa sortie en allemand
pour
le salon de Nuremberg en février prochain : Ravensburger a
acheté le jeu et le distribuera en allemand en Allemagne,
Autriche et Suisse. C’est Stephan Brück, le
directeur de la
collection Alea qui suivra le projet.
Peux-tu me dire pourquoi et
comment les objets que l’on trouve
dans la boîte ont été choisis ?
Au début nous avions eu l’idée de
réaliser
des petits tirages du jeu avec des ensembles d’objets
différents ; ça ne s’est pas fait pour
l’instant, ce sera peut-être pour plus tard.
L’ensemble présent dans la boîte a
été
choisi pour son équilibre entre les dimensions, les formes
et la
symbolique des objets.
N’importe quel objet ne convient pas avec le jeu.
L’ensemble a été défini,
affiné,
enrichi au fur et à mesure de la rédaction des
questions
: le travail sur les questions faisait avancer celui sur les objets et
réciproquement.
Le premier objet est toujours présent : les jambes de
femmes. Il
s’agit d’un porte-clefs trouvé en
brocante que
j’avais introduit dès le début. Il
s’est
cassé, et maintenant il y a deux objets : l’anneau
et les
jambes ; pour les jambes présentes dans le jeu, un moulage
de
mon porte-clefs a été
réalisé. Au fur et
à mesure des tests, j’ai restreint le nombre
d’objets longilignes (comme la plume, la brosse à
dents)
car les joueurs les utilisaient beaucoup pour dessiner des contours.
As-tu pu réellement
tout tester ?
« Objets trouvés » est un jeu ouvert,
l’ensemble des cas n’est pas « fini
» : on ne
pouvait donc pas tester de manière absolue
l’ensemble des
objets : au cours d’une partie, les objets vont contribuer
à l’histoire de la partie qui va
dépendre du sens
que les joueurs attachent aux objets, et cette histoire sera
différente à chaque partie ; ainsi si
l’un des
joueurs utilise la planchette pour faire un lit en début de
partie, la planchette risque d’être
réutilisée fréquemment pour figurer un
meuble.
Comment s’est
passé le travail avec
l’éditeur ? Pourquoi ne pas l’avoir
auto-édité chez « Lui-même
» comme
certains de tes autres jeux ? Y a-t-il un risque à publier
ce
jeu ?
Oui, le risque est probable, mais on n’est pas là
pour
proposer des succès absolus ; même s’il
n’y a
que 1000 exemplaires vendus, c’est un objet qui va rester, et
pour l’instant c’est le plus important.
La décision de publication m’a rempli de bonheur ;
je ne
pouvais pas auto-éditer ce jeu car j’avais besoin
d’un œil extérieur, besoin
d’une lecture.
Une magie s’est opérée autour de
l’équipe qui a travaillé sur ce jeu,
tout le monde
s’est approprié le projet, que ce soit le
graphiste qui a
travaillé sur la boîte ou la personne qui est
allée
chercher aux quatre coins du monde les objets à mettre
à
l’intérieur.
« Objets Trouvés » devait être
un travail
d’équipe ; les jeux que
j’auto-édite avec
« Lui-même » sont des projets muris que
je
maîtrise, dont je connais la forme depuis longtemps.
Il y a eu de nombreuses collaborations pour la rédaction des
cartes, des auteurs de jeu : Sylvie Barc, Docteur Mops, Dominique
Ehrhard, mon agent Michel Lalet …
Le jeu est vendu 50 Euros
… est-ce un handicap ?
Je reconnais que 50 Euros c’est une somme, et que je suis mal
placé pour en parler vu que je ne suis pas
l’acheteur du
jeu.
Maintenant, mon premier jeu il y a 20 ans était vendu
l’équivalent de 50 Euros, et le coût de
la vie a
bien augmenté depuis… enfin s’il avait
été vendu moins cher, le jeu aurait
été
très handicapé par sa réalisation.
J’ai l’impression qu’il y a comme un
«
mouvement de consommation» qui dicte que le prix
d’un jeu
doit se situer quelque part entre 15 et 25 Euros.
Cela m’ennuie pour plusieurs raisons :