Joueurs
passionnés, adhérents de
ludothèques et grand public réunis…
est-ce possible ?
… oui, la preuve ici ! L’idée
c’est de rassembler les gens qui ont la passion du jeu et
ceux qui viennent en novice, pour qui nous allons pouvoir
peut-être susciter la passion. C’est toujours avec
plaisir que je vois des enfants, des adultes « ignorants
» discuter avec des auteurs.
Saint-Herblain,
festival municipal, familial et alternatif ?
C’est une définition plutôt
étonnante, mais on n’en est pas bien loin. Le
soutien local est important, tant par la municipalité qui
nous met cette salle à disposition que par les acteurs
associatifs locaux très divers (cinéma, piscine,
centres sociaux, …) qui apportent leur participation tout au
long de la quinzaine.
Festival familial, oui car c’est le public que
l’on cherche à toucher.
Alternatif aussi, notamment grâce à la
Maison des Jeux de Nantes : l’état
d’esprit est différent de ce qui est
médiatisé. Ici, la compétition
n’est qu’un prétexte, s’il y a
des tournois, des concours ils sont d’abord là
pour amener une animation. De même,
l’entrée sur l’économie du
jeu se fait d’abord par le biais des auteurs, et pas par
celui des éditeurs. Nous ne leur fermons bien sur pas la
porte, mais tout en gardant un regard relativement critique : hier soir
par exemple des nouveautés de Gigamic étaient
présentées. « Canardage » a
beaucoup plu, en revanche « Tara » a
reçu un accueil plus que mitigé, et personne ne
se sent obligé de le taire.
La grande scène de la Carrière
aujourd’hui, le Zénith dans 10 ans ?
L’avantage de l’équipe organisatrice est
de ne rien se refuser a priori. Si cette idée nous vient
à l’esprit, nous l’explorerons comme les
autres. Le festival dépasse déjà le
cadre local : nous proposons cette année des animations en
relation avec Niort (pour l’académie des Jeux de
Rôle), Saint-Nazaire…notre public est
départemental. La difficulté d’aller
au-delà est peut-être liée à
la méconnaissance de Saint-Herblain. Pour cela, il faudrait
peut-être associer le nom de Nantes au festival.
Nurenberg, Cannes au même moment… les
auteurs déclinent parfois l’invitation ;
avez-vous déjà envisagé de
décaler le festival ?
Nous nous sommes déjà posés la
question… mais en faisant un « retour aux sources
», nous nous disons que notre projet est de faire
découvrir le jeu aux familles. A cette période
les familles sont disponibles, le calendrier des manifestations locales
est bien occupé par ailleurs.
D’autre part nous n’aurions jamais les
reins assez solides pour entrer en concurrence avec des manifestations
comme Cannes et Parthenay.
Et puis, il y a encore des auteurs qui ont la passion et qui
viennent pour cela : j’ai le souvenir l’an
passé de Pascal Bernard, auteur très
impliqué dans la profession qui n’a pas
hésité à échanger
longuement avec Benoit Benabdallah, jeune auteur d’une
quinzaine d’années… des moments comme
celui-là, jamais Cannes ne nous les enlèvera.
Si
j’écris que Bertrand Olivier et Philippe Epron
sont les
maîtres d’ouvrage du festival et que tu en es le
maître d’oeuvre, qu’en penses-tu ?
Oui et non…en fait on est tout ça à la
fois tous
les trois. Nous amenons chacun nos sensibilités,
notre
expérience de l’animation, notre vision du jeu en
tant que
bien de culture, ou vecteur de lien social ; de plus, nous intervenons
tous les rois tant sur la définition que
l’organisation du
festival.
Tu
interviens dans
la presse écrite, sur les radios et
télévisions
locales… par contre tu as l’air
d’être
méfiant vis-à-vis de l’Internet ?
Internet ne m’intéresse pas beaucoup... nous avons
fait
paraître sur TricTrac (un des sites majeurs
francophones
sur le jeu) une annonce pour recruter des membres du jury :
très
peu d’internautes ont souhaité
s’impliquer alors que
tout le monde sur ce site est habitué à donner
son avis !
Quand je parle à la radio, je ne suis pas anonyme. Ce qui me
gène dans Internet, c’est la
dématérialisation des individus.
Pas
ou peu d’éditeurs, de « business
», c’est un choix
délibéré ?
Oui car on ne les a jamais invités. Faites vos Jeux est un
festival, pas un salon pour être en contact avec le
marché, ni une convention où le public
connaît
déjà le type de jeux qu’il va
pratiquer.
J’aimerais un festival où les professionnels
pourraient se
rencontrer et faire connaître leur métier
d’éditeur, de distributeur, leur rôle
dans la
chaîne.
Nous pensons que beaucoup de personnes aiment jouer et nous souhaitons
leur amener des pistes. Pour Bertrand et Philippe, le jeu est
d’abord un outil de l’animation ; aussi, nos
objectifs sont
différents des intérêts d’un
éditeur.
Cependant, les éditeurs sont quand même
présents :
indirectement le prix du public les met en avant, et un
invité
comme Mathieu d’Epenoux peut expliquer au public les tenants
et
les aboutissants de ses choix éditoriaux.